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La gestion des stocks point de vente : Quels produits stocker en magasin ?

A mesure qu’elles développent leurs réseaux de points de vente, les enseignes de distribution spécialisées (GSS ci-après) trouvent rapidement avantageux de centraliser sur un entrepôt une partie de leurs flux. En effet, en s’appuyant sur une structure centrale elles espèrent générer des économies d’échelle (via la massification des flux), sécuriser l’approvisionnement de leurs magasins, ou encore améliorer le suivi des performances fournisseurs.

L’ouverture d’un entrepôt soulève inévitablement de nombreuses questions : combien de sites ouvrir ? Où doit-on les localiser ? La gestion de ces sites doit-elle être déléguée à un prestataire extérieur ? Si oui selon quel format ? …
En termes de gestion de stocks, la première question que nos clients nous posent est « où devons-nous stocker nos produits ? »
Il est évidemment impensable de remonter l’ensemble des stocks en entrepôt, mais ouvrir ce dernier sans l’alimenter correctement ne ferait qu’accroitre les coûts subits par l’entreprise. Par conséquent, sur quels critères doit se baser la décision de stocker ou non un produit en magasin ?

Nous considérons ici 3 familles de critères :

  • les caractéristiques des points de ventes
  • les caractéristiques des produits
  • les caractéristiques de la demande

Les caractéristiques des points de vente 

  • La taille :

Les points de vente ont une surface de vente et/ou de stockage limitée. Trivialement, nous pouvons donc affirmer que  plus le magasin est de petite taille moins il pourra stocker de produits, il doit alors se concentrer sur certains articles (exemples : les fortes ventes), et laisser l’entrepôt prendre le relais sur les autres.
Toutefois, il ne faut pas oublier que certains magasins disposent de stock de débord à proximité (notamment dans les réseaux de franchisés) qui leur permettent d’étendre leur surface de stockage. De ce fait, lorsque nous parlons de « taille » d’un magasin, il faut considérer l’intégralité des structures de stockage propre au magasin.

  • La proximité de l’entrepôt :

Un point de vente sera d’autant plus à même de centraliser une partie de son stock s’il est localisé à proximité de l’entrepôt.
En effet, dans ce cas l’entrepôt est suffisamment réactif pour répondre aux besoins du magasin, il peut donc gérer une gamme de produit plus large.

  • Le concept magasin :

Les équipes marketing peuvent décider de « pousser » un produit en point de vente au nom de la cohérence du concept magasin, et ce, quelles que soient les caractéristiques du produit ou de sa demande.
A noter que dans ce cas, l’article n’est pas nécessairement stocké en point de vente. Il peut n’y être présent qu’à des fins d’exposition ou d’animation. Il est alors stocké centralement et réapprovisionné à la demande du client.

Les caractéristiques des produits

  • Le caractère stratégique :

Un produit stratégique est un produit dont la rupture se traduit systématiquement par une vente ratée, voir une dégradation de l’image de marque de l’enseigne.
En clair, si le client ne trouve pas le produit, est-il prêt à attendre ? Si oui combien de temps ? 24h ? 48h ? 1 semaine ? … Plus la tolérance du client à l’attente est faible, plus le produit est considéré comme stratégique et doit être stocké au plus près du marché.

  • L’encombrement :

Au-delà de la taille du magasin, ce dernier peut ne pas être adapté au stockage des produits volumineux : une GSS de bricolage est dimensionnée pour gérer ce type de produit, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour les enseignes de fournitures de bureau qui proposent pourtant dans leur catalogue des meubles.
Pour ce type de produit, l’entrepôt représente alors le lieu de stockage idoine.

  • Les paramètres d’approvisionnement :

Des délais d’approvisionnement longs, un minimum de commande élevé ou encore une fréquence de commande faible, l’ensemble de ces paramètres contribue à augmenter le stock de sécurité et/ou la quantité de réapprovisionnement d’un magasin.
S’il n’est pas possible de jouer sur ces paramètres pour réduire le stock et si le produit n’est pas stratégique, avoir un stock central sur lequel se réapprovisionner en 24-48 heures peut alors être avantageux pour les magasins (ces derniers pouvant tout de même conserver 1 unité du produit en stock de manière à faire face à la demande).

Les caractéristiques de la demande 

  • Le niveau de la demande :

Nous entendons par « niveau de la demande » la proportion des ventes du produit (en valeur et/ou en volume) dans les ventes globales. Cette proportion est généralement caractérisée par une classification de type « ABC ».
L’idée ici est que les produits représentant les ventes les plus importantes (les « A », soit 20% des articles mais 80% des ventes) doivent toujours être disponibles en points de vente, leur absence faisant porter un risque de rupture. Pour les articles B et C, il est nécessaire de croiser l’analyse du produit avec les autres caractéristiques de la demande pour déterminer s’il est intéressant de les stocker en point de vente.

  • La rotation :

La rotation représente le temps d’écoulement du stock (le nombre de jours avant que le produit ne soit vendu).
Un produit qui tourne rapidement fait prendre peu de risques en termes de stock, puisqu’il en sort rapidement. Il peut donc être stocké en point de vente, d’autant plus si le produit en question est une forte vente. Le débat porte plutôt sur les produits à faible rotation : sont-ils stratégiques ? Ont-ils malgré tout de fortes ventes ? Si la réponse à ces questions est « non », il est envisageable de centraliser le stock.

  • La variabilité :

Plus la demande d’un produit est variable (hors saisonnalité), moins elle est prédictible, posant ainsi de nombreux problèmes d’approvisionnement et de couverture de sécurité (il faut stocker beaucoup plus de produits pour faire face à cette volatilité).
Plus cette variabilité est forte plus il est avantageux de stocker en entrepôt. En effet, ce dernier bénéficie d’un effet volume lui permettant de lisser la variabilité.

Conclusion

C’est la combinaison des différents éléments décrits jusqu’ici qui permet à l’enseigne de décider si oui ou non elle stocke un produit en point de vente.
Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que ce choix influe sur une autre dimension de la gestion des stocks en magasin : le processus d’approvisionnement. Ce dernier doit-il être décentralisé pour les produits stockés en magasin ou à l’inverse complètement centralisé ? En cas de décentralisation quel est le périmètre du point de vente ? …  là encore, la réponse ne va pas de soi, et nécessite une analyse précise des différents critères de décisions.

Cédric Roussel-Simonin
Consultant Citwel